Le féminisme au Québec

On est le 9 mars et j’ai manqué de 24 heures la Journée de la femme.

C’était l’occasion de rappeler que la femme québécoise a obtenu le droit de vote quatre ans plus tôt que la femme française. Soit 1940 au Québec et 1944 en France.

C’était surtout l’opportunité de parler de façon personnelle du féminisme au Québec. Le féminisme québécois est très marqué et, couplé à la culture nord américaine, il entraine des relations qui m’ont toujours semblé particulières
, basées notamment sur l'égalité entre hommes et femmes.

Les femmes québécoises, après avoir fait des enfants « à la chaîne » jusqu’à la Révolution tranquille des années 70, sous le joug de la religion catholique (avoir 15 enfants n’était pas rare), en sont venues à ne plus en faire du tout. Elles sont aujourd'hui parfaitement émancipées. Elles ont des « chums » (dire tcheum), ce qui veut dire copain.


A titre de comparaison, La France et surtout Paris étaient, avant mon départ au Québec en 1999, un pays de célibataires, correspondant peut-être aux derniers soubresauts post soixante-huitards (la SNCF créait des tarifs spéciaux pour voyageurs célibataires). Elle est devenue en 10 ans un pays d’enfants et de couples traditionnels, mariés en smoking et robe blanche ou encore pacsés, quel affreux nom, ce qui est une sorte de mariage plus cool, avec moins de froufrou (j'ai quitté la France quand le Pacs est arrivé. Le Pacte civil de solidarité a 10 ans).

Au Québec, il y a au contraire peu d’enfants. Les femmes sont libres et maîtres de leur destin. Elles ont toutes une job et un char. Une nouvelle révolution ne semble pas pour demain, mais peut-être je me trompe sur ce point. Et les hommes québécois, dans tout ça? Ils n’usent point de subterfuges tel que séduction, galanterie ou compliments pour trouver une blonde (copine). Que nenni! Ces codes ne s’emploient pas. Les relations
sont beaucoup plus directes. Il faut être pratique.


Le Québec m'a toujours apparu comme le « pays » des divorces et de la garde partagée, souvent d’un enfant unique. L'enfant-valise vit une semaine chez l'un et une semaine chez l'autre. Les deux maisons sont parfois proches géographiquement, pour des raisons pratiques, et les ex-conjoints gardent souvent de bons rapports, voir sont de vrais amis.


Voici quelques conséquences du principe d'égalité dans la vie quotidienne : d’abord, l’homme ne drague pas la femme, c’est la femme qui drague l’homme. Les hommes ne retiennent pas les portes (et les femmes non plus d’ailleurs). Ils ne proposent pas aux femmes de porter galamment leur sacs et paquets. Au restaurant, chacun paie son addition, au centime près. En couple, chacun paie sa part de loyer, même si l’un gagne trois fois plus que l’autre. Partage des tâches obligatoires et, en cas de séparation, chacun fait ses comptes, personne ne doit y perdre au change.


Pour moi qui débarquais dans ce merveilleux pays, jeune et naïve, je me suis vite rendue compte qu’on ne m’avait pas tout dit. Au Québec, une femme étrangère prend 10 ans d’un coup : les hommes ne la regardent plus. Et un homme étranger doit oublier tous ses plans séduction habituels. Il doit tout remettre à plat, observer et réfléchir. Heureusement, Montréal est une ville cosmopolite, ce qui sauve souvent ceux venus d’Europe, d’Amérique latine, d'Afrique du nord ou d’ailleurs.

A trop vouloir l’égalité des sexes, en plus de l'influence anglo-saxonne, les rapports entre hommes et femmes au Québec sont assez déconcertants vu de l'extérieur. Cela n'a pas contribué à développer mon côté féministe, toute femme que je suis. Il faut continuer à lutter pour l’égalité des salaires ou des droits fondamentaux. Mais il me semble que les hommes et les femmes sont beaucoup plus complémentaires qu’égaux. Peut-être qu’au Québec, on a trop exagéré question égalité. Et les conséquences ne sont pas toujours en faveur de la femme elle-même. Parfois peut-être, la femme québécoise rêve en silence d’un vrai gentleman, un homme fort et protecteur, qui lui offre des bouquets de roses...
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9 commentaires:

  1. Et moi qui vis ici maintenant, j'ai eu la réaction inverse ... j'ai beaucoup de "misère" avec la galanterie, que je considère comme du paternalisme. Je trouve que les femmes Françaises se font un peut avoir avec les chocolats et les fleurs! Mais j'avoue maintenant que je trouve impoli qu'on ne retienne pas une porte, que ce soit par un homme ou une femme.

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  2. J'ai lu avec intérêt ton billet.

    Cependant, je dois dire que je suis une jeune Québécoise, je me considère féministe et je suis bien heureuse de vivre au Québec.

    J'aime être traitée de façon polie, mais neutre. Bien entendu, dans le rituel de séduction, c'est un peu différent, mais encore là, je ne suis pas une petite chose fragile...

    Bref, j'aime beaucoup ce côté plus anglo-saxon ou nord-américain que nous avons. J'aime les rapports hommes-femmes ici, même si rien n'est parfait...

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  3. Bjr je viens d'arriver a Montreal et je cherche des groupes féministes. Etes-vous en mesure de me renseigner? Merci!
    Sandrine.

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  4. Bonjour,
    Non, je ne connais pas vraiment de groupes féministes. Je connais simplement le Réseau québécois des femmes en environnement : http://www.rqfe.org/
    Bonne recherche!

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  5. Bonjour,

    Je vis aussi au Québec depuis 8 ans et souhaites rentrer en France...(présentation express)

    Je suis totalement d'accord avec toi, j'ai été aussi surprise des relations hommes-femmes ici même. Et pour être tout à faite franche : choquée par l'attitude de certaines femmes envers les hommes. Je ne pense pas que cela soit une bonne chose, ni qu'elles soient plus respectées, mais c'est ainsi.

    J'ai cette phrase 'nous sommes plus complémentaires qu'égaux' on ne peut pas être plus juste et dans le vrai selon moi...bien-sur.

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  6. Moi, je suis un homme, et je tiens la porte pour les hommes, mais jamais pour les femmes, de peur d'être pris pour un macho.

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  7. Bonjour,

    je retiens les portes pour les femmes, mais je n'ai certainement jamais eu une femme en faire de meme pour moi:-)

    A vrai dire, je suis exasperé de l'attitude des femmes quebecoises et de leur obsession a vouloir depasser les hommes sur tous les plans. Au Quebec, nous avaons un taux de divorce de 50% (le plus elevé au Canada), le taux de suicide chez les hommes le plus au Canada (3 ieme au monde) et un systeme judiciaire qui défavorise l'homme (regarder les lois sur le divorce, si ce n'est reglé l'amiable).

    Bonne chance aux feministes quebecoise, moi je quitte le Quebec pour l'Asie! Votre combat n'est plus le mien.

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  8. Bonjour
    Je suis une femme qui tient la porte à une autre femme ou un homme et j'ai toujours des mercis et des sourires, que de complications pour un geste simple.
    Quand au taux de suicide il est détenu par les inuits et leurs conditions de vie désastreuse, rien à voir avec l'égalité homme femme.
    Derniers points je suis une française qui habite Montréal depuis 20ans, et je dois dire que le Québec me plait pour sa simplicité.

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  9. !!!
    Je suis surprise que l'on assimile le féminisme à un combat, un rapport de force. je cite un anonyme qui a commenté ci dessus : "A vrai dire, je suis exasperé de l'attitude des femmes quebecoises et de leur obsession a vouloir depasser les hommes sur tous les plans"
    Or le rôle des féministes, leur "lutte" ce n'est pas de dépasser les hommes mais d'être à égalité et cela quoi qu'on en dise est loin d'être choses faites !
    Si certaines personnes se sentent rabaissées par les femmes, je pense que c'est aussi une question d'"ego" (qu'il faudrait éventuellement revoir à la baisse)

    Non les féministes ne sont pas avides de pouvoir. Non elles ne veulent pas écraser les hommes mais juste être enfin à égalité et pour cela les hommes doivent aussi faire partie de cette lutte pour les mêmes droits

    PS : je cite encore cet anonyme "Bonne chance aux feministes quebecoise, moi je quitte le Quebec pour l'Asie! Votre combat n'est plus le mien. "
    il est certain cher anonyme qu'en Asie où vous immigrez les droits de l'homme et l'égalité des sexes ne sont pas toujours les préoccupations majeures et ces sociétés pour la majorités sont construites sur des principes féodaux.

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