Le babillard : un néologisme québécois


Dans une bibliothèque parisienne, j’ai expérimenté l'usage du terme babillard («Monsieur, avez-vous un babillard?»). J’ai alors vu mon interlocuteur tendre le cou, la bouche grimaçante et les yeux en points d’interrogation.


Réaction normale, car babillard, dans le sens de ma question, est un mot d’outre-mer. Il est ainsi défini par l’Office québécois de la langue française :


Panneau fixé à un mur dans un lieu public, sur lequel on épingle ou on colle des messages, des annonces, des communiqués, etc. Synonyme : tableau d'affichage.


Or, babillard est aussi un mot du dictionnaire français, mais peu utilisé :

1. Celui, celle qui aime à babiller, c'est-à-dire parler beaucoup à propos de rien (C’est un grand babillard, un franc babillard, une grande babillarde).

2. (Par extension) Personne qui ne saurait garder un secret. (Ne vous fiez pas à cet homme-là, à cette femme-là, c’est un babillard, c’est une babillarde).


Y aurait-il un lien entre la définition québécoise et la définition française? Il serait intéressant de babiller sur cette question.


Le néologisme Babillard est utilisé depuis une quarantaine d’années. Certains mots québécois intègrent le vocabulaire des français, tel que courriel. Ceci fera l’objet de messages que j’épinglerai prochainement sur mon « babi-blog » (terme de mon invention).

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Démarquez-vous!

KANUK et DECATHLON sont deux marques de vêtements, québécoise pour l’une et française pour l'autre.

Kanuk est la marque de manteaux des québécois par excellence. Dessinés, confectionnés et vendus dans un atelier-magasin, au cœur de Montréal, ils font la fierté des habitants. Chauds et légers, ils sont aisément reconnaissables par leur forme et en particulier leur col montant. Qui n’a pas son Kanuk se fait remarquer. Cette marque est si populaire qu'elle est intégrée dans le vocabulaire parlé : on porte son kanuk.

Contrairement au petit fabricant Kanuk, Decatlon est un hypermarché, devenu européen, de vêtements et d'articles de sport bon marché. Très populaire en France, tout le monde y possède au minimum un article de cette marque. Les français expatriés au Québec ont ainsi, sans s’être passé le mot et malgré eux, leur signe de reconnaissance : le sac à dos, le tee-shirt ou le pantalon de sport Decathlon, rapporté de l'hexagone. Si vous voulez passer inaperçus au Québec, chers français, oubliez sur le vieux continent vos vêtements de la fameuse marque... et achetez-vous un kanuk!

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Hymne au Québec

Si le marchand de glaces est fermé d’octobre à juin, vous êtes au Québec.
Si vous allez « dans le bois » le dimanche, vous êtes au Québec.
Si vous avez une boite aux lettres sans clé ni serrure, vous êtes au Québec.
Si vous mesurez les distances en heures, vous êtes au Québec.
Si vous passez du chauffage à la climatisation dans la même semaine, vous êtes au Québec.
Si vous laissez vos bottes d’hiver sur le paillasson, vous êtes au Québec.
Si, quand il fait 2 degrés dehors, vous trouvez qu’il fait vraiment doux, vous êtes au Québec.
Si vous buvez de la Boréale blonde et mangez de la poutine, vous êtes au Québec.
Si vous connaissez 4 saisons : presque l’hiver, l’hiver, encore l’hiver et profitons-en, ça dure pas longtemps, vous êtes au Québec.
Si vous roulez continuellement dans des nids de poules, vous êtes à Montréal.
Si vous avez une pelle à neige dans votre coffre de voiture, vous êtes au Québec.
Si vous sacrez*, vous êtes québécois ou en voie de le devenir!

(sacrer = proférer des jurons avec des termes religieux comme tabarnacle, ostie, calice)

Chic sloche : la mode en hiver à Paris et à Montréal

Se vêtir chic, c’est à Paris, avec ses talons aiguilles et ses jupes courtes en plein hiver.

« S’habiller sloche », c’est à Montréal, avec ses pantalons retournés pataugeant dans la neige fondante. Cette neige appelée sloche remonte par capillarité le long des pantalons trop longs, entrainant de disgracieuses auréoles blanches et salées, de ce sel utilisé pour nettoyer les chaussées.


Les sacs à mains, c’est à Paris.

Les sacs à patins, c’est à Montréal (patins à glace).


Un kanuk peut en cacher un autre. Ce manteau, fabriqué exclusivement à Montréal, est le manteau québécois par excellence. Très chaud et étonnamment léger, il revêt toutes sortes de couleurs, de moutarde à bleu métallisé. A l'inverse, à Paris, tous les parisiens sont gris…avec une écharpe rouge. C’est la mode.


Attache ta tuque n’est pas seulement le titre d’une chanson, c’est aussi la réalité. La tuque est le bonnet québécois : mieux vaut bien l’attacher quand il fait -20 degrés.

Il faut savoir ce que signifie trottoir glacé. Ce n’est pas le nom d’une pâtisserie, quoique ça se rapproche d’un glaçage de gâteau : ça brille, c'est blanc et c’est lisse. Ça s’appelle, en terme scientifique, verglas. Et se casser la figure, en termes québécois, c’est : se maganer. Ça fait-tu mal, tabarnacle! Il est d'ailleurs aisé d’observer chez cette population une démarche particulière, du type « je marche sur des œufs ».


A Paris, le port du collant est seyant avec une petite jupe courte et sexy.

A Montréal, le port du collant est fortement recommandé sous le gros pantalon pour ne pas succomber au froid perçant des mois de janvier.


En cas d’intempérie, le parisien prend son parapluie.

En cas d’intempérie, le montréalais prend son gros chandail, son collant sous ses pantalons, ses bas* épais, ses mitaines**, sa tuque, son foulard, son kanuk, sa capuche et… ses bottes d’hiver !


(*=chaussettes, **=gants)

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Téléphonie made in France

Ainsi que le couteau suisse, le téléphone portable, très prisé des français, est un objet aux multiples fonctions. Il permet de lire ses emails, de consulter Internet, d’écouter la radio, de faire des calculs, de planifier sa semaine, etc. Accessoirement, le portable permet de téléphoner. Il est aussi appelé « mobile », mais, chose bizarre, seulement par ceux qui les vendent.

Au Québec, le téléphone portable est nommé «cellulaire». Cependant, il s'y fait beaucoup plus discret. De toute façon, le cellulaire est très primaire : il est réduit à la fonction de téléphone. Alors, revenons vite au portable.

Le portable, on dort avec car il nous sert de réveil. Le portable, on voyage avec car il se convertit en appareil photo et parfois en caméra! Il peut permettre d'être joignable partout dans le monde (ou presque). Pour s'isoler en musique, le portable devient Ipod, le petit frère high tech du walkman. Les rendez-vous ne se prévoient pas précisément : inutile, il suffit de s’appeler, jusqu’à ce que l’on se retrouve nez à nez! Le portable, on le reconnait au son : suivant la musique qu’il émet, on sait si c’est le sien ou celui du voisin. Gare aux situations où c’est votre sonnerie, certes, qui échauffe les oreilles sensibles, … mais ce n’est pas votre téléphone! Dans ce cas, ne pas paniquer en allant fouiller dans le sac d'à côté. Ça ne passerait pas.

Le cellulaire est si banal que je ne trouve vraiment rien à en dire.

Muni d'écouteurs et d'un micro, il suffit de parler devant soi, le portable dans la poche. Mais ces bavards solitaires n'impressionnent plus personne. Téléphoner avec son portable dans une cabine téléphonique (car il en reste!) permet de s’abriter de la pluie. N'oublions pas le SMS (ou texto), très populaire. Le texte remplace la parole. Le SMS a son propre langage. Slt, j v ok, lol est un exemple de message SMS.

Attention, tout n’a pas été dit! Le portable devient jeu vidéo à ses heures perdues. Il se transforme en GPS dans la voiture pour nous indiquer la route, en précisant les limites de vitesse! Le portable possède la fonction de traitement de texte et de tableur, avec reconnaissance d'écriture (vive le crayon électronique!). Enfin le portable fait visiophone : votre interlocuteur apparaît sur votre écran.

Ce n’est pas fini! Encore expérimental mais bientôt sur le marché, le portable deviendra un moyen de paiement et servira de badge à l’entrée des bureaux. Et, bien sûr, le portable fournira prochainement… LES CHAINES DE TÉLÉVISION. Impossible de s’en passer! Notez quand même que le portable ne fait pas encore le café.

C’est vrai, la téléphonie en France est super high tech. Mais qu'on est tranquille au Québec!

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Sac à main ou sac à dos?

Alors que les parisiennes, très chics, arborent leur petit sac à main, les montréalaises, très décontractées, déambulent avec le sac à dos, hiver comme été.

Les parisiennes adorent les sacs à mains. On en découvre de toutes sortes : des foncés, des colorés, des bariolés, des courts, des longs, des petits, des gros, des durs, des mous,... Ceux qu’on observe en grand nombre, mode oblige, ce sont les sacs cylindriques, avec une double bandoulière très courte (voir photo). Le sac est ainsi coincé sous le coude, au chaud sous les aisselles. Je me demande si tout cela est très pratique, mais la mode ici est importante et il est visiblement de bon ton de porter un sac au goût du jour.

A Montréal, c'est différent. La population est très relaxe, attachant plus d’importance à l’utilitaire qu’à l’esthétique. Le sac à dos y est légion, autant pour les hommes que pour les femmes. Pratique, en toile de couleur, il nous suit partout, on y met de tout. La peur du pickpocket est quasiment absente : pas besoin de plaquer son sac sous le coude.


Bien sûr, j’ai fini par me racheter un sac à la française, que je cale sous mon bras quand je circule sur les trottoirs bondés. Plus féminin et sécuritaire que le sac à dos, j’y ai également découvert un avantage certain : la petite pochette intérieure pour le téléphone portable, qui est un autre objet cher aux français et dont je parlerai bientôt.

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Paris underground

La ville souterraine de Montréal fait rêver tous les français (30 km sous terre !). Pourtant, à Paris, il est aussi possible d’y goûter un peu.

J'ai assisté à un salon au Palais des congrès de Paris, ce mois de février. La rame de métro m’a emmené jusqu’à la station « Porte de Maillot ». Or, je n’ai pas été dirigée à l’extérieur comme pour la majorité des sorties du métro parisien, mais vers un ensemble agréable de magasins, de cafés et de restaurants souterrains.

Je me suis sentie alors transportée dans la ville souterraine de Montréal. L’impression a été forte et agréable. Je l’ai laissé m’envahir et me faire voyager mentalement. J’ai marché dans cet espace qui m’a paru si familier : chaud et chaleureux, lumineux de toutes ces lumières électriques, aseptisé et artificiel mais accueillant et « cosy ».

Ce vagabondage au delà des océans a cessé brusquement aux portes du salon, mais m’a laissé des souvenirs sensoriels et ce texte-ci.

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