Les jours fériés en France et au Québec

Puisque aujourd’hui nous sommes un jour férié, c’est le jour pour en parler.

Les jours fériés diffèrent entre la France et le Québec. Il y a davantage de jours fériés en France, et aussi plus de jours de congés. Quand un québécois bénéficie généralement de 3 semaines par an (4 puis 5 semaines avec l’ancienneté), le français démarre avec 5 semaines, sans parler des jours de RTT (Réduction du Temps de Travail). Cet acronyme est né et est rentré dans le langage courant après mon départ au Québec. Il désigne les jours de congés supplémentaires, pour de nombreux salariés, offerts dans le cadre du passage aux 35 heures.

Le nombre de jours fériés entre la France et le Québec n’est pas si différent finalement : 11 en France pour 8 au Québec. Surtout si l'on considère que la Pentecôte n’est plus vraiment un jour férié depuis 2004, mais est, au contraire, un jour de travail non rémunéré, en solidarité pour les personnes âgées. Cette journée peut cependant être prise un autre jour ou être fractionnée. Drôle d’idée tout ça…

Ce qui est remarquable en France, ce sont le nombre de ponts, non pas ceux enjambant nos fleuves et nos rivières, mais les week-ends à rallonge. Fait le pont celui qui pose une ou deux journées de congé entre un jour férié et le week-end le plus proche. Est-ce une particularité française? En tout cas, au Québec, cela est quasiment inexistant.

Les ponts de 3, 4 ou même 5 jours peuvent se prendre à l’occasion des jours fériés suivants :

- En France : 1er janvier, Ascension, 1er mai, 8 mai, 14 juillet, 15 août, Toussaint, 11 novembre, Noël (= 9)

- Au Québec : 1er janvier, Fête nationale du Québec, Fête du Canada, Noël (=4)

En France, poser un jour par-ci par-là afin faire le pont ne compromet pas la prise de « grandes » vacances. Au Québec, la semaine entre Noël et le jour de l’an est souvent imposée et constitue pour beaucoup les uniques petites vacances en dehors des vacances d’été.


Les français étalent leurs vacances sur l’année, mais il reste toujours les traditionnelles vagues de départ des «juilletistes », en juillet, et celles des « aoûtiens », en août. Au Québec, les vacances annuelles de la construction sont étalées sur deux semaines, à cheval entre juillet et août. Ce sont les vacances du secteur BTP. Les villes sont calmes à cette période, et les campings bondés.


Les français se préoccupent beaucoup de leurs vacances et en parlent volontiers. Dès le printemps, chacun commence à organiser ses vacances d’été. Au Québec, ce sujet me parait beaucoup moins populaire. Les québécois restent discrets et les vacances ne sont pas un sujet de discussion fréquent (ces réflexions sont bien sur tirées de mon expérience et de mes impressions personnelles).


Alors que la France n’a qu’une seule et unique fête nationale : celle du 14 juillet, le Québec en célèbre deux : la fête nationale du Québec (24 juin) et la fête du Canada (1er juillet). La première domine, de part l'enthousiasme qu'elle suscite et l'émotion qu'elle dégage. L’autre est plutôt secondaire, au moins dans les cœurs, malgré les efforts déployés par Ottawa, capitale du Canada, pour lui donner de l’importance dans cette province rebelle. Notez que le Québec n’est qu’une province, mais beaucoup d’aspects font d’elle une province à part, qui la rapproche souvent du statut de Nation. Elle a sa fête nationale, entre autres.












Dernier aspect que je souhaite évoquer ici, ce sont les jours fériés à caractère religieux vs ceux à caractère payen. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet.


En France, les jours fériés sont en majorité liés à une fête religieuse :

- 6 jours fériés religieux : Pâques, Ascension, Pentecôte, Assomption, Toussaint, Noël

- 5 jours fériés non religieux : 1er janvier, fête du travail, victoire 1945, fête nationale, armistice 1918


Au Québec, les chiffres sont inversés :

- 3 jours fériés religieux : Pâques, Action de grâces, Noël

- 5 jours fériés non religieux : 1er janvier, fête des Patriotes, fête nationale Québec, fête du Canada, fête du travail.


Au Québec, plusieurs fêtes chrétiennes n'apparaissent pas dans le calendrier (ou plus ?). La Toussaint, par exemple, n'est pas célébrée, contrairement à Halloween, fêté le 31 octobre et très populaire, quoique sans jour férié. Cela s’explique-t-il par le fait que la religion catholique, très présente jusque dans les années 1970, a été ensuite massivement rejetée par la population ?



L’Action de grâces, le 2ème lundi d'octobre (« Thanks giving » aux États-Unis) est une fête religieuse qui correspond à la fête de la Terre-Mère : féconde, abondante, généreuse... La fête de l'automne et de la récolte.


La fête des Patriotes, le 3ème lundi de mai, remplace depuis 2003 la fête de Dollard, (faux?) héros de la Nouvelle-France. Les autres provinces du Canada fêtent la Reine ! D’Angleterre bien sûr (Victoria's day). Ecoutez qui sont les Patriotes...


L’armistice de 1918 est célébré, mais sans jour férié. Ce jour est appelé « Jour du souvenir ». Le 11 novembre, chacun peut acheter et porter une petite broche en tissu rouge représentant un coquelicot, au bénéfice des anciens combattants.


Calendrier des jours fériés

France

Québec

1er janvier

Jour de l'An

1er janvier



Vendredi saint

Vend (mobile)

* (mobile)

Lundi de Pâques



40 j. apr. Pâques

Ascension



1er mai

Fête du travail



8 mai

Victoire 1945



51 j. apr.Pâques

Lundi Pentecôte





Fête des Patriotes

3è lundi mai



Fête nationale Qc

24 juin



Fête du Canada

1er juillet

14 juillet

Fête Nationale



15 août

Assomption





Fête du Travail

1er lundi sept.



Action de grâces

2è lundi oct.

1er nov.

Toussaint



11 nov.

Armistice 1918



25 déc.

Noël

25 déc.



* Pâques correspond au premier dimanche qui suit la première pleine lune de Printemps. Le Lundi de Pâques est le jour qui suit.
De même, le lundi de Pentecôte suit la fête de la Pentecôte.
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Discussion végétale

Grâce à la technologie, un marronnier européen et un érable canadien purent, un jour de mars, échanger quelques propos...

Le marronnier, très fier, se lança aussitôt dans une diatribe haute en couleur : « Quelle idée avez-vous eu de grandir, cher érable, ainsi que vos congénères et tous les feuillus de votre terre, dans ce lieu si peu invitant que l’on appelle Canada! Un continent aux paysages sans limites, et aux hivers si froids et si longs!

Et que dire de vos feuilles et de vos fleurs confinées si longtemps dans vos bourgeons! C’est une atteinte à la liberté de les emprisonner pendant tous ces mois hivernaux, où la seule couleur qui puisse distraire (si on peut la nommer couleur) est le blanc! »

Le marronnier décrivit alors à l’érable, avec beaucoup d’emphase, la beauté de son tronc, sa majestueuse silhouette et la longueur de ses racines. Il fit surtout grand spectacle de ses jeunes feuilles
d'un vert tendre, encore flétries mais déjà prêtes à recevoir la lumière du printemps.

L’érable sentit ses bourgeons se gonfler sous l’effet de l’agacement. Mais il sut garder son sang-froid et finit par répondre :

« Mon cher marronnier, ne seriez-vous pas devenu une espèce assoupie et imbue, avec le peu d’effort que la nature vous force à produire! Tout paraît si facile. Votre continent est devenu le royaume de la lenteur, voire de la paresse! En effet, rien ne vous presse! Il me semble que le climat est trop bon et indulgent avec vous.

Nous autres, nous aimons notre terre. Nous y avons appris la patience au fil des millénaires. Nos bourgeons sont des alcôves si confortables que nos feuilles et nos fleurs en devenir s'y sentent parfaitement à leur aise. Nous n’avons point cette tendance à l’arrogance : la nature est rude. Elle nous oblige à rester humbles. Nous nous sommes adaptés pour contrer le vent et le froid et restons impassibles durant sept longs mois. Nous savons admirer la beauté de nos campagnes enneigées.

Qui sait attendre reçoit beaucoup : dès qu'arrive notre tour (fort tard, puisqu'il faut attendre mi-mai, ainsi qu'à tous les autres feuillus), c’est une effusion de vie qui jaillit dans nos veines. Tout se fait vite et tout est grandiose. Nos feuilles et nos fleurs, sans doute pressées d’en sortir, explosent et grandissent à toute vitesse. Nous travaillons tout l'été, jusqu’aux premiers froids d’octobre, pour assurer la transmission de notre espèce. Nous sommes bien fiers d’offrir à notre descendance une terre si grande et peuplée de si belles forêts! »

Le marronnier fut impressionné par le discours de l’érable. Il promit de garder le contact. Piqué par la curiosité, il voulait en savoir davantage.

Ainsi débuta la télécommunication végétale.
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Correspondance transatlantique
















Chers amis québécois, depuis mon chez moi parisien, je ne peux m’empêcher de penser à vous, pelletant sans cesse cette neige, aimée ou haïe, qui s’accumule depuis plusieurs mois déjà.

J’ai visionné vos vidéos sur Youtube et Dailymotion et je peux dire que je l’ai presque vécu, en décalé, cette dernière tempête de neige, historique, on peut le dire. Je n’ose vous l'avouer : j’aurais aimé voir ça en direct, moi qui aime tant les hivers québécois et ses tempêtes. Je suis aussi fascinée par ces manifestations de la nature, ces forces mises en jeu et dont l’Homme n’a aucun contrôle. Elles nous rappellent combien nous sommes petits, combien la Nature est grande et combien elle mérite le respect.

Je vous ai vu derrière mon petit écran, bravant le vent violent, enjambant les bancs de neige accumulés incroyablement devant les entrées des maisons, scrutant avec anxiété la route en avant de l’auto pour ne pas perdre de vue les rares traces de signalisation encore visibles à travers la poudrerie.

C’est vrai, le Québec, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. C’est aussi parfois un banc de neige, n’est ce pas? C’est les tuques et les mitaines, les tempêtes et les bordées de neige, la poudrerie et le grésil.

Je suis en train de vivre, après huit hivers québécois, mon premier hiver européen. Quel changement! Et quel bonheur de profiter des terrasses de cafés au mois de janvier, de sortir sans accumuler tous ces vêtements embarrassants. Quel plaisir de mettre ses petits souliers, de ne pas avoir à les débarrasser de tout un paquet de neige accumulée!

Alors que le Québec est maculé de blanc, déjà la nature s’éveille en France. On peut y admirer toutes les couleurs : l’herbe verte et le jaune, le rose, le violet des premières fleurs. C’est impressionnant de voir poindre le printemps au début du mois de mars, alors que l’hiver, là bas, est tellement loin d’être achevé! Il faut en effet attendre fin avril pour pouvoir oublier la neige et encore mi-mai pour voir exploser le printemps. La vie jaillit alors de la végétation trop longtemps endormie et les feuilles grandissent presque à vue d’œil. Les animaux reviennent à la vie aussi. Tout doit aller très vite car la belle saison est si courte.

Cette transition, que je vis actuellement entre le Québec et l'Europe, est pleine d’émotions. Je redécouvre des sensations oubliées. La vue d’une fleur en mars est un émerveillement. Toute cette verdure en plein hiver me parait presque une erreur. J’ai longtemps, cet hiver, mis mon bonnet, par habitude (une tête nue en hiver au Québec, impossible!). J’ai fini par me rendre compte que ce n’était pas vraiment nécessaire…

Chers québécois : sachez que tous les français rêvent d’avoir une bonne chute de neige au moins une fois dans l’hiver. Ce qui n'a pas été le cas cette fois-ci. Alors, avec un peu d’imagination, je vous envoie toutes les couleurs de la nature dont j’ai accumulé le souvenir ces derniers jours, et vous, envoyez-nous une bonne bordée de neige, rien qu’une!!

La parlure québécoise et l’hiver

(exercice de sémantique)

A matin, j'me décide à prendre une marche pour m'en aller au centre d'achat. Mais, vu qu’il fait frette, j'prends soin d'enfiler mon kanuk, ma tuque, mon foulard, mes mitaines et mes bottes d’hiver. La tempête de neige d’hier au soir nous a laissé des bancs de neige de 10 pieds de haut, ensevelissant les chars parqués de chaque côté de la chaussée. Il n’y a présentement qu’une poudrerie qui fouette un peu mais qui recouvre la maudite glace noire, haïe des automobilistes ! Toutes ces bordées de neige font sortir les déneigeuses, les souffleuses et les chenillettes qui chargent et transportent la neige dans des dépotoirs à neige, déjà à moitié pleins! A quand le redoux et sa sloche ? Allez, finalement, soit j'embarque dans mon auto, soit j'demande un lift !

frette = grand froid
bottes d'hiver = chaussures montantes fourrées
kanuk = manteau de marque Kanuk
tuque= bonnet
foulard = écharpe
mitaines = gants
bordée de neige = tempête de neige
banc de neige = congère
poudrerie = blizzard
glace noire = verglas
déneigeuse, souffleuse, chenillette = engins de déneigement
dépotoir à neige = lieu de stockage de la neige
sloche (ou slush) = neige fondante

demander un lift : demander à être conduit en voiture

Tempêtes en images et en vidéos






Neige et tempête
au Québec :
(1), (2)












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A chacun ses tempêtes

Alors que le Québec vient de vivre la plus grosse tempête de neige de l'hiver et a atteint un record de précipitations, la France, au même moment, a vécu aussi une violente tempête (de vent), après bien des semaines de temps clément.











10 mars 2008 : ville de Québec
« C’est fait. Québec a officiellement établi un nouveau record de neige tombée au cours d’un hiver. En date de dimanche, la région avait reçu 460,1 centimètres, éclipsant l’ancienne marque de 457,7 en 1965-66. Et ce n’est pas fini... La tempête de samedi a aussi permis d’établir un nouveau record de force des vents pour un mois de mars. Toujours à l’aéroport, les instruments ont enregistré des pointes de 122 km/h. Le précédent record était de 111 km/h. Sur l’île d’Orléans, il y a eu, samedi, des rafales de 133 km/h. » (Le Soleil)













10 mars 2008 : France « Le nord de la France a été frappé lundi 10 mars par une violente tempête, qui a provoqué la mort d'une femme, tuée par la chute d'une branche d'arbre dans l'Eure, et le naufrage au large de Guernesey d'un chalutier dont l'équipage a pu être secouru.
La tempête, qui a également frappé la Grande-Bretagne et la Belgique, a aussi entraîné l'échouage d'un cargo sur une plage de Vendée et des centaines d'interventions, essentiellement pour des inondations et des arbres arrachés » (Nouvel Obs.com).